Raymond Humbert
Sous le regard de Jacqueline
Il voyage… uniquement dans son jardin, le lieu de tous ses paysages. Nous ne quittons jamais longtemps Laduz sauf l’été que ous passons sur la côte rocheuse de Porspoder.
Je le vois préparer ses pinceaux, ses pots de pigments, de colle, de vernis, de sable fin rapporté des plages de Bretagne, le tout rangé dans un carton d’emballage.
Aujourd’hui, comme support, il choisit du papier Ingres dont il assemble les feuilles par multiples de trois, six, neuf ou douze, au fur et à mesure de sa composition.
Raymond peint au sol, agenouillé sur une mince et longue planche posée sur des parpaings qu’il déplace. Je m’étonne toujours de la manière dont il procède, depuis le bas en remontant, d’une écriture rapide, précise, sans repentir… Et si plus trad, je lui parle de cette incroyable sûreté, il me répond dans ce petit rire bred dont chacun se souvient, que tout est dans sa tête et qu’il n’a plus qu’à exécuter.
Immergé dans ce milieu végétal, envahi de lumière changeante, dans le vent ou le soleil, Raymond ne se soucie guère du « motif réel » et va au plus profond de ses sensations. Il fait corps avec la nature. De chaque saison, il sublime la vie, c’est un paysagiste dans l’âme, je le vois encore se confronter aux éléments avec une apparente sérénité. L’exubérance et l’assurance de sons graphisme où se mêlent tourbillons, griffures, éclats de couleurs et de lumière, me troublent… Tout y concourt: le pinceau – dont le manche, tout alourdi de la peinture séchée qui l’enrobe, fait contrepoids comme le ferait l’outil d’un artisan, permettant, avec les deux ou trois longs poils qui lui restent, cette écriture vigoureuse – la matière – ce mélange abondant de pigments, de colle et de sable qui contraste avec de délicates transparences -, le papier choisi, aux éclats de blancs voulus…. Pour exprimer son art, il a un besoin irrésistible d’aller au plus profond de lui-même.
Plus travaillées que les peintures sur papier – « d’un premier jet », large, griffé-, les toiles, peintes également au sol, le sont aussi dans le temps présent, « reflet » de sa pensée vive et déterminée. Pour qu’elles sèchent à l’abri – et cela, été comme hiver – nous les rentrons bien horizontalement.
Chaque été, face à Ouessant, Raymond dessine cette côte rocheuse située à l’extrême pointe de la Bretragne. En symbiose avec le flux et le reflux de la mer quand es vague s’élancent puis se brisent et s’enfoncent dans de vastes abîmes, ou quand elles irisent la surface de l’au de mouvements réguliers, les galets roulés par la marée montante ou les rochers aux formes étranges attirent ce terrien qui cherche à percer le mystère de cette nature grandiose – sauvage et belle. Sur le « motif », ses dessins sont précis, figuratifs. Dans son atelier de Laduz, Raymond réalisera de grands formats peints aux pigments et à la colle, il ne retiendra que la forte impression ressentie du mouvement des vagues.
Dans les dernières oeuvres de sa vie, il reviendra aux nature mortes. Par les thèmes répétitifs et obsessionnels qui sont exprimés, je ne peux qu’être touchée et interrogative. A l’évidence l’artiste est seul face à la création, face à son destin. Avec avidité, il cherche la vie; avec opiniâtreté, il veut dompter la mort.
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Exceptionnel Sale of Raymond Humbert works
Français || English
In 2016, exceptional sale of paintings and drawings by Raymond Humbert
« His painting was a necessary breathing, among the enchanted garden of Laduz or windy strikes Porspoder. Raymond Humbert has gradually abandoned the « privacy « of his first workshop where he used a subtle palette that allows evoke Vuillard, Bonnard … Braque, to become one with nature, not in order to represent, but to feel it, the seasons, combining strong graphics and colorful burst. »
— Philippe Chabert (Conservative former Museum of Modern Art in Troyes) Sample Catalog Raymond Humbert, Paintings – Drawings, April 12 to June 7, 1995 – Modern Art Museum of Troyes.
Portrait
” … Sa peinture : des paysages… beaucoup de paysages, peints dans son jardin de Laduz, en très grands formats, à même le sol. Il a le geste large et rapide ; » Lire la suite …
A propos de Raymond Humbert
La Vie silencieuse
La nature morte dans l’œuvre de Raymond Humbert
Du 1er Juin au 30 Septembre 2012
et sur rendez-vous.
Travail d’atelier pour le jeune artiste à ses débuts, (1950-1963) le thème de la nature morte s’est développé rapidement dans la peinture de Raymond Humbert, pour devenir très tardivement (vers 1988-1990) le reflet d’une interrogation existentielle.
Musée des Arts populaires de Laduz
22, rue du Monceau
89110 – Laduz
Les Ours
du 15 Juin au 28 Septembre 2014
Raymond Humbert
DESSINS – LES OURS
1987 – en attendant la présentation de la collection d’ours en peluche dans les salles des jouets populaires du Musée de Laduz, une trentaine de ces «nounours» a élu domicile dans l’atelier du peintre.. De cette accumulation, Raymond Humbert réalisa une centaine de dessins au pinceau – format 65 x 50 cm, pigments et colle.
En Juin 1995, quelques-uns de ces dessins ont figuré dans l’exposition consacrée à l’oeuvre de Raymond Humbert au Musée d’Art moderne de Troyes. Dans sa préface du catalogue, Philippe Chabert, alors Directeur écrit :
…Humbert recherchait la vertu de l’objet : une espèce d’essentiel qu’il percevait dans les objets populaires – jusqu’à cette quête de l’insolite qu’il captait dans ces terrines à lièvre en terre vernissée – gisants ou sarcophages, autant d’interrogations sur l’apparence et le contenu – rassemblées, de la plus grande à la plus petite, en famille, comme ces nounours regroupés en foules expressionnistes…
La Mer d’Iroise
ABBAYE ST GERMAIN – AUXERRE du 28 Juin au 31 Octobre 2014
Faire la visite en vidéo de l'exposition sur : Auxerre TV - Visite vidéo
Jacqueline Humbert:
[…] En 1973, notre amie, Marie-José Drogou, collaboratrice et photographe pendant de longues années, nous invita chez elle, à Porspoder, petit bourg en bordure de la mer d’Iroise. Cette côte sauvage est formée de rochers, de dunes et de criques. La présence de la presqu’île Saint-Laurent, cet espace sauvage protété, fut chaque été, pendant quinze ans, le refuge de Raymond Humbert. Il passait ses journées à dessiner les mouvements des vagues et du sable à marée basse… chaos de roches et levées de galets.
Par temps de grands houles et de fortes déferlantes, il était extrêmement fasciné par ces paysages grandioses, lui qui avait la phobie de l’eau. La mer d’Iroise est connue et redoutée de tous les navigateurs pour la dangerosité des courants du Fromveur, situé entre l’archipel de Molène et l’île d’Ouessant. Ces éléments impressionnaient fortement Raymond. Dans ses oeuvres, il a les a sublimés avec force.
Fin de l’été 1989, de retour à Laduz, ses peintures, « les grands vagues », en noir et blanc, parfois avec des ajouts de bleu et de brun, furent réalisées à l’atelier: oeuvres su papier 125x100cm dont deux triptyques 240 x 450 cm chacun. En 1990, étrangement, il reviendra à un dessin à la mine de plomb, très figuratif et précise de la côte.
Lors de nos séjours en Bretagne, nous nous sommes aussi intéressés à l’histoire et à la culture de cette attachante région. Raymond voulait tout voir, tout savoir, tout comprendre de ce monde à forte personnalité.
« Nous sommes à la jonctions des eaux,
nous sommes les contemplateurs,
des grandes noces de la Manche et de l’Atlantique…
Mer ivre et rimbaldienne.
Souffle! Vent! Chaos de mort!
Passage des vivants! Flux et reflux! Marées… » »
Xavier Grall – extrait du livre Le Cheval couché, 1977
Philippe Chabert – Conservateur en chef du Patrimoine – un extrait du catalogue Raymond Humbert « fou de dessin »
« À Porspoder, dans le Finistère, qu’il fréquentait chaque été, Raymond Humbert, dessinait inlassablement et implacablement la côte de Porspoder à Porsall. Il captait la grève, les rochers alentour, les déplacements du sable sous l’effet du vent, le frémissement de toute surface sous la lumière changeante, l’accumulation des galets répartis au gré des courants marins … puis la mer, dont il ne retenait que le mouvement répété et obsédant des vagues, tout en tentant d’en saisir le sens. On songe aux dessins de Victor Hugo inspiré par Guernesey ! Dessin et peinture ne font qu’un. »